04/04/2014

Home sweet home


"Au nom de la vaisselle, du papier toilette et de la musique à fond, je vous déclare colocataires. Pour le meilleur.....et (surtout?) pour le pire!"





Update, paroles de Sunil ce matin à 11h, après avoir passé une demie-heure à chercher ses champignons dans le frigo:
"Ooooh trouver des champignons dans ce frigo c'est comme trouver l'avion Malaisien dans l'Océan Indien!"

L'Auberge Espagnole? Petits meurtres entre amis? Je t'aime moi non plus? Nos jours heureux? Evil Dead? 
Surement un remake des 5 à vrai dire.

Cela fait maintenant 3 ans que je vis en colocation. Cette chanson ayant été écrite par mes parents au bord du craquage psychologique (bon en fait, c'est faux, c'est pas eux, mais ça aurait pu, pour vous donner une idée), j'ai commencé mollo! Deux ans de colocations à deux, le temps d'apprendre à restreindre l'aire de jeu du Petit Poucet à la surface de ma propre chambre, à utiliser un balai et un aspirateur, à ne pas s'éterniser des heures durant sous la douche et à écouter la musique à un volume raisonnable et à des heures raisonnables. 
Forte de ces deux années d'expérience qui se sont avérées être une très grande réussite, je décide de placer la barre un peu plus haute cette année et de mettre mes qualités (très) fraîchement acquises (la patience, la tolérance, ce genre de trucs nécessaires à la survie psychologique en colocation) en pratique et surtout à rude épreuve. J'avais mis ma vie dans deux valises, j'avais traversé l'Atlantique, j'avais débarqué toute seule comme une grande à des milliers de kilomètres de la maison, c'était pas 6 colocataires qui allaient me faire trembler. Alors ça les ami(e)s, c'était il y a 8 mois en arrière, je revoie mon jugement! 

L'année commence, les 6 habitants se rencontrent, tout le monde est plein de bonne volonté, on décide tout de suite de créer une tirelire commune pour tous les trucs style produit vaisselle, papier toilette, aluminium etc... Et c'est à peu près les seules "règles" que nous avons fixées. Alors c'est vrai que le non respect de la parité aurait pu me mettre un peu la puce à l'oreille (2 filles pour 4 garçons), mais bon...

Tout se passe à merveille, bon alors bien sur, chacun à ses petits défauts un peu irritants (du genre remplir l'unique frigo de la maison avec 10 sacs de crevettes) mais on fait avec, parce que c'est quand même magique de vivre à 6 sous le même toit (surtout quand les 6 viennent des 6 coins du monde!). Et puis les mois passent, les rouleaux de papier toilette se vident, les poubelles se remplissent, il y a un peu moins de tasses chaque jour dans le placard et les assiettes s'empilent à côté de l'évier. Mais c'est toujours formidable, parce que c'est mieux que d'être tout seul.

Et puis vient un jour où le rouleau de papier toilette est vide, et restera jusqu'à la fin de tes jours accroché au dérouleur, où les poubelles se remplissent et débordent, où tu te lèves le matin en sachant pertinemment que ça sera le parcours du combattant pour sauter au dessus du linge qui traîne par terre pour finalement atteindre le placard de vaisselle cette fois désespérément vide de toute tasse et où le lave-vaisselle restera plein jusqu'au bout sans personne pour appuyer sur "on". Et ce jour dure maintenant depuis des mois (Ah, Un Jour Sans Fin pourrait aussi s'ajouter à la filmographie!).

Ma chambre est sous la cuisine, définitivement le pire endroit possible lorsque l'on vit avec des mordus qui vont parfois se lever à 3h du matin pour faire cuire un poulet (c'est du vécu!). Tous les soirs, genre très tard le soir, mais genre à une heure où tu n'as littéralement rien d'autre à faire que dormir, j'ai droit à un semblant de numéro de claquettes lorsque mes colocs affamés revisitent masterchef. Parfois en solo, parfois en duo, et ça peut aller jusqu'au quintet! Au départ c'est sympa, et puis c'est un peu long sur la fin, et franchement pas en rythme!

Parfois on fait face à de mystérieuses situations en coloc, comme la salle de bain qui reste fermée à clef pendant 1h le matin, franchement, QUI reste 1h dans une salle de bain? Et surtout quel mec? J'ai bien inspecté, à la recherche d'une porte secrète ou quelque chose pouvant justifier se temps passé dans la salle de bain, mais je n'ai hélas rien trouvé d'anormal!

La colocation, c'est aussi faire l'expérience de la tragédie des espaces communs. La tragédie des espaces commun c'est quoi? C'est simple! Coloc A se réveille et prend son petit-déjeuner, les poubelles sont pleines, coloc B sous la douche, colocs C D E F toujours endormis. La vie étant très dure et la flemme pouvant paralyser, coloc A jette discrètement la peau de banane et le sachet de thé dans la poubelle qui déborde et s'en va. Parce que rationnellement, c'est plus rentable pour lui. Coloc B sort de la douche, et voit la poubelle qui déborde. Mais coloc A n'est plus là, C D E F dorment alors si coloc B ne sort pas la poubelle, personne ne pourra savoir qui a manqué à ses obligations, et en plus, c'est même pas lui qui avait rempli la poubelle! Tout le monde devient ainsi suspect potentiel, et la poubelle continue à se remplir un peu plus chaque jour. C'est un peu la même idée pour la vaisselle, le ménage, le changement du rouleau de papier toilette etc... Et à force, ça tape sur le système, et les premières querelles commencent, et c'est LA que patience et tolérance deviennent des qualités essentielles.

Parce que peut être que moi aussi un jour j'ai écouté la musique un peu trop fort à une heure un peu tardive, alors ça ira pour cette fois...
Peut être que moi aussi, un jour, j'ai été "coloc A" qui a jeté par flemmardise mon sachet de thé dans une poubelle déjà pleine, alors ça ira pour cette fois...
Peut être que moi aussi un jour, j'ai laissé une assiette traîner un mini poil trop longtemps, alors ça ira pour cette fois...

Parce qu'il n'y a quand même pas à dire, non seulement vivre en colocation, ça apprend la maîtrise de soi, la vie en communauté et tout et tout, mais en plus, ça fait des souvenirs inoubliables! Même si plusieurs fois le matin je me réveille comme François en ayant eu l'impression de m'être faite cambriolée pendant la nuit, vivre à 6 (et parfois 7 ou 8 quand les copines des gars sont là) c'est tout de même une super aventure!

Parce que la colocation c'est aussi:
- Des discussions qui durent des heures et des heures
- Des soirées films
- Des soirées jeux
- Des fou-rires à y rester
- même les petits désagréments finissent par faire rire et faire partis du quotidien
- 4 gars pour porter mes valises jusqu'au bus quand je pars en aventure (han l'opportuniste!)
- Des grands moments tous ensemble
- Des sorties
- Des sourires
- Des repas
- Rentrer le soir en se faisant sauter dessus par les colocs à qui "j'ai vraiment trop manqué" (si si je vous assure c'est possible hehe!)
- Avoir quelqu'un à qui raconter sa longue journée de dure labeur
-...
-...
- et la liste est longue!
Que ça rattrape largement toutes les fois où A. skype en hurlant dans le salon sa langue natale!

J'aurais pu potentiellement devenir folle plusieurs fois et en prendre un pour taper sur l'autre, mais je suis contente de ne pas l'avoir fait, parce qu'ils ont probablement envie d'en faire de même, et qu'en plus ça foutrait une super mauvaise ambiance et là adieu les bons moments et aussi, parce que ça fait parti de l'aventure! Et parce que mine de rien en faisant l'inventaire du pour et du contre la coloc, la balance penche carrément plus du côté du "pour" et que je ne les changerais pour rien au monde ces oiseaux! C'est un peu l'école de la vie, et si c'était à refaire, je recommencerais sans hésiter une seule seconde pour tout ce que ça apporte! Quant à moi, je pense que cette fois je peux définitivement survire dans n'importe quelle coloc'!



6 commentaires:

  1. Ça donne envie!
    Mais bon, il ne restera que les bons moments :) !

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    1. Ah c'est une expérience ça c'est sur! Mais malgré tout ça va me manquer les claquettes ;-)

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  2. beau récit :)))))). Mais quand tu dis coloc A,B....... ba le A j'ai trouvé qui c'est...

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    1. C'était pas fait exprès à l'origine! C'est juste à la fin que je me suis rendue compte qu'effectivement ça collait! J'aurais pu faire coloc D (et même deux fois!) mais eux ils sont irréprochables! ;-)

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  3. Très bonne analyse mais je vois que tu deviens sensible au désordre (je rêve)..... effectivement la coloc t'a beaucoup changé :merci le Canada !! cet article est un beau résumé, pas toujours facile la vie en communauté :sacré Tiffany !


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  4. Très bel article !! :-)
    Christel

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A vos claviers!