15/10/2013

La Vérité, toute la Vérité, rien que la Vérité!

"D'toute façon les étudiants en échange c'est bien connu, ils font la bringue pendant un an"


"Et en plus ils touchent une fortune de bourses pour aller se payer des bières tous les soirs!"

"Ouais, et puis ils nous font croire qu'ils sont malheureux!"
"En plus elle a que 10h de cours par semaine ohlala..."


"Attends, t'es au Canada tu vas quand même pas t'plaindre non?"
"Moi mon train à 1h de retard, et même qu'il fait froid, et même que j'ai faim, et même que la France c'est nul, et elle elle râle?"




Les amis, ça va faire deux mois vous et moi, on commence à plutôt bien se connaître, vous commencez à être plutôt bien rodés sur ma vie canadienne (à l'approche des partiels, ça vaut mieux pour vous ouais!), alors, il est grand temps de rétablir la VV (=Vérité Vraie!)



Non parce que faut pas croire, moi aussi j'étais comme vous avant, à ronchonner dans mon chère et tendre amphi CUJAS à Bron, rêvant de liberté et de voyages! Alors ils avaient la solution Lyon 2: mademoiselle, on a un super accord avec le Canada et les USA, et en plus on est sympa, on vous autorise à ne prendre que 4 cours par semestre, allez viens (on est bienbienbienbienbien)! Alors moi, tête dans le guidon, roule ma poule! Tac tac on monte les dossiers, on s'arme des plus beaux guides de voyages, on multiplie les exemplaires avec des couvertures plus formidables les unes que les autres, on rend le dossier à moitié mort tellement qu'on est au bout du rouleau et là paf quelques mois plus tard, on vous annonce que vous venez de toucher le jackpot: 



Alors moi je m'y voyais déjà hein, Chicago, Washington, New-York, Buffalo, Montréal, Québec, Toronto, Ottawa, Philadelphie et pourquoi pas l'Alaska, et le Grand Nord et les Aurores Boréales et et et et...

Alors là, ah on en rencontre des beaux parleurs, croyez moi! Oui toi, étudiant Erasmus, que j'ai rencontré maintes et maintes fois durant mes premières années de fac: "ouaaais, l'échange c'est trop bieeeen, j'ai rien fait pendant un an mais alors qu'est ce que j'ai fait la bringue!". Et puis à toi, chère emploi du temps McMaster, emploi du temps le plus vide que je n'ai jamais vu, toi aussi tu m'as bien eu petit farceur: "viens viens, regarde comme je suis vide, allez viens tu verras, on va bien s'amuser toi et moi!". Alors voilà, moi, toute Tiffany que je suis, croyant en la bonne fois de tous les éléments de la terre, je me suis jetée dans la gueule du loup aussi sereinement qu'un rat affamé irait se coincer dans une tapette pour un bout de gruyère (au passage, après deux mois de privation fromagère, moi aussi j'en serais capable!) 

 

Ouais alors, je disais, sereine je suis partie! Enfin sereine, j'étais quand même un peu inquiète de ne pas avoir assez de week-end pour faire tout ce que j'avais à faire il faut bien le dire....

Pourtant avant de partir, ma gentille conseillère de science po ici à McMaster avait tenté de m'envoyer LE signal d'alerte "j'ai le plaisir de vous annoncer que vous êtes complètement inscrite au programme sciences politiques de notre université, cependant, vous devriez savoir que nos étudiants ne prennent généralement pas autant de cours de sciences politiques le même semestre...Cordialement". Mais le problème, avec les signaux, c'est qu'il faut savoir les interpréter! Et moi, tête dans le guidon encore une fois: "mais qu'est ce qu'elle me dit celle ci? Et oh cocotte, j'ai 8 cours par semestres et plus de 20h par semaine à Lyon tu crois que tu vas me faire peur?" Erreuuuuuuur fataaaaaaaaaaaaaaaaaaale! 

Et le voilà, le fameux épisode que j'ai manqué! Et voilà, comment je me suis retrouvée ce Samedi, à 18h, après une journée de 6h à la bibliothèque avec pour seule repas une banane écrasée, à me demander "mais pourquoi? mais pourquoi? qu'est ce que j'ai râté?". LE signal, j'ai râté LE signal! Et que maintenant, mon rêve Canadien se transforme un peu en:


Et oui parce que pour moi, et pour visiblement tous les étudiants qui sont en échange en Amérique du Nord la règle de "jaiunpasseportvacancesbièresetboîtesdenuit" ne semble définitivement pas s'appliquer. Alors oui, c'est vrai, je confesse, j'ai en moyenne 3h de cours par jour, 12h dans la semaine, c'est vrai, c'est ridicule, allez y, riez riez. Et les 300 pages qu'on a à lire par semaine, les 3 research paper de 15 pages, les 4 dissert' de 4 pages, les 3 mid-term, les 4 examens finaux, les engagements dans la ville, blablabla on en parle ou pas? Parce que ça, ça faisait pas parti du contrat je crois (ouais ouais, toi monsieurleresponsabledelechange, tu m'avais pas dit tout ça hein!)! Ouais parce que jusqu'à maintenant, passer 6 heures de suite à la bibliothèque je vous jure sans croiser les doigts que jamais Ô grand jamais ça ne m'était arrivée! Au départ je pensais vraiment que c'était exagéré tout ça, mes colocs qui me disaient "il faut qu'on aille quelque part ce soir, c'est le dernier soir de libre qu'on a, après les cours commencent", ça sonnait un peu la fin du monde est proche j'avais envie de leur dire "eh les gars tranquil'pep' hein! Ca va bien s'passer!", j'ai commencé à me dire "allez super, je suis tombée dans LA seule et unique baraque des étudiants serieux, ça va être la folle ambiance". Ah ouais bah j'aurais peut être du les écouter parce que c'est vrai: les sorties le soir, c'est ciao bambino, les sorties le week end c'est "hum, ok, mais alors vraiment pas tard parce que demain dimanche faut que je me lève vers 7h.. Ah ouais pourquoi? Tu pars aux USA? Non non, j'ai les pays en développement qui m'attendent au chapitre 6...". Et franchement, je rigole pas...

L'enfer ici, c'est le 6ème étage de Mills Library, mon QG, un étage de box alignés les uns à côté des autres, sans possibilité aucune de connaître la vraie configuration de la pièce, claustrophobe s'abstenir! Et pourtant, c'est la dure rançon de la gloire, Mills, c'est le passage obligé. Alors oui, c'est 3h de cours par jour, mais des centaines à la bibliothèque.Et croyez moi, c'est pas spécialement par amour des bureaux en bois et de la moquette qui sent le moisi, c'est juste que c'est la seule solution que j'ai trouvé pour l'instant pour ne pas complètement couler sous les bouquins à 250$. 

Alors je ne sais pas d'où vient cette rumeur légendaire sur les étudiants en échange, mais non, croyez moi, je ne passe pas mes journées entre deux aéroports, ou deux boîtes de nuit, ou deux chopes à Bière (vous avez vu comme je mets une majuscule à Bière!), mais bien entre deux pages de livre, deux librairies et deux research paper, et que parfois, c'est quand même vachement frustrant et même que parfois la BU de Bron où je n'allais jamais me manque un peu!

Alors NON, je ne me plains pas, parce que finalement c'est peut être ça aussi, le but d'une année d'échange: c'est prendre la place d'un étudiant nord américain pendant un an, vivre sa vie, vivre ses heures de bibliothèque, prendre les transports en commun qu'il prend, vivre dans la maison dans laquelle il vivait, manger comme il mange (mal, il faut bien le dire!) etc.. Et le simple fait d'être ici, c'est déjà un sacré voyage, et c'est déjà une sacrée expérience!
Mais OUI, j'aimerais bien, s'il vous plaît, mettre un terme à cette légende sacrée comme quoi d'une les étudiants à la fac sont des glandeurs et que deux, les étudiants en échange sont vraiment la crème de la crème des incapables et des féneants parce que j'aimerais bien vous y voir vous, au sixième étage de Mills Library!

C'est surtout si jamais par hasard, des étudiants qui envisagent de partir dans un futur proche, tombent sur cet article, je pense que c'est tout de même important d'être au courant, de la montagne de travaille que l'on a, ici. Et c'est pas propre au Canada, j'ai l'impression que c'est pareil dans toute l'Amérique du Nord. Ca n'a vraiment rien à voir avec chez nous...C'est plaisant parce qu'on choisi nos propres cours parmi une gamme de choix assez énorme, que les profs sont vraiment passionnants, alors ça rend la chose plus sympa, mais quand même. Il faut bien avoir en tête que ça sera la fac d'abord, Air Canada après... Mais Courage, ça se fait! :D

Alors là je sais ce que vous vous dîtes: "Ouais enfin bon, voilà, le Canada quoi..." OUAISOUAIS BAH VAS Y VIENS JE T'ATTENDS TU VAS VOIR COMME ELLE VA BIEN TE RECEVOIR LA GLANDEUSE!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

6 commentaires:

  1. Oùlala, je vois que le travail te monte à la tête, OK tu bosses beaucoup (c'est une première pour toi !!) mais depuis 1 mois 1/2 que tu es à Hamilton, tu as quand même réussi à faire des chouettes sorties et ce n'est qu'un début...reste positive: c'est le prix à payer pour devenir grande , forte et intelligente !! Ah ah
    A 10000 dollars l'inscription à la fac, il faut en avoir pour son argent: effectivement ce n'est pas le club Méd mais accroche toi, tu vas t'y habituer à bosser comme une malade...
    Courage,

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ah mais t'inquiète je m'y fais bien! Mais c'est juste, pas qu'on croit que c'est le 5 étoiles pour nous, qu'on est un peu beaucoup aussi là pour travailler!

      Supprimer
  2. Hé moi je te parle pas de mon voyage dans la grand Dijon !
    Le travail est omniprésent, mes 20H de cours par semaine me pèsent coooooonnnnnssssiiiidddddéééééérrrrrraaaaaabbbbblllllleeeeemmmmmeeeeeennnnnt !
    En plus d'une activité culinaire particulièrement développée ainsi qu'une vie dans la nuit Dijonnaise plus que compliquée !
    Aller la gueule, y a Ricky qui débarque pour les vacances :)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ca te dit d'être co auteur du blog? Haha les péripéties Dijonaises! Sur ces bonnes paroles, let's go to the airport!

      Supprimer
    2. Non, j'ai peur de te faire de l'ombre
      :)

      Supprimer
  3. hihi c'est la rançon de la gloire :P
    Aurélie

    RépondreSupprimer

A vos claviers!